Voici les trente-six notes terminologiques qui ont accompagné les cours du MOOC, reclassées ici dans l’ordre alphabétique. Plus qu’un glossaire, c’est une présentation des concepts essentiels de l’archivage managérial, dans un langage simple, cohérent et sans jargon. Il s’agit parfois de notions très larges, mais appliquées ici à l’archivage. Pour chaque terme ou expression, le texte expose les composantes du concept et leur articulation. Il inclut, le cas échéant, un point d’attention sur les confusions fréquemment rencontrées dans le monde de l’archivage.
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Archivage managérialCette expression résume la triple démarche, face au désordre numérique, consistant à : analyser le risque dans la production et la maintenance des documents qui engagent la responsabilité dans le temps, énoncer des règles de conservation et piloter les outils d’application de ces règles. Le responsable qui adopte cette triple démarche a une « archivage managérial attitude ». |
ArchiverC’est un très vieux mot qui a un sens très précis : mettre en sécurité dans un endroit pérenne les documents importants dont on estime qu’ils permettront demain de défendre ses intérêts et de retrouver la mémoire des faits. Le sens de ce mot s’est perdu ou a été galvaudé. Il est temps de le retrouver ! |
ConfidentialitéLa confidentialité est la qualité d’une information qui ne doit pas circuler au-delà d’un cercle d’utilisateurs défini. La raison de cette restriction peut être liée à la stratégie des entreprises ou à la vie privée des personnes. La confidentialité d’un document peut évoluer avec le temps (à la hausse ou à la baisse). |
ContenuLe terme contenu s’appréhende naturellement en lien avec la notion de contenant. Contenu renvoie aux écrits, aux images, aux sons, du point de vue de l’auteur et/ou de l’utilisateur mais indépendamment de la gestion du support (le contenant de l’information), qui existe pourtant quelque part. Pour archiver une information qui décrit un fait ou une idée, dans un but de preuve, il faut figer le contenu sur un support et le dater. Un contenu (autoportant), avec une date et un support, devient un document. |
Coût du non-archivageLes opérations de gestion, de conservation et d’exploitation des archives ont un coût. Le défaut d’archivage aussi a un coût, bien souvent supérieur. Ce coût regroupe les sanctions administratives, les contentieux perdus, le temps perdu à chercher une information mal archivée et les opportunités industrielles ou commerciales manquées. |
Cycle de vieLa notion de cycle de vie s’applique à tout ce qui dure et évolue dans le temps. Ce peut être l’information en tant que telle (le contenu), ce peut être le document (l’information + le support), ce peut être le support. Le point d’attention ici est le cycle de vie du document à risque qui doit être conservé de façon intègre pendant tout le temps nécessaire, même si son environnement évolue (nature du risque, confidentialité, changement de support…). |
DématérialisationLes projets d’archivage électronique sont souvent associés à la démarche de dématérialisation. De fait, quand les processus sont dématérialisés, avec des applications et des workflows qui créent des documents numériques natifs, la production et donc la conservation d’originaux papier n’a plus lieu d’être, sauf cas particulier : les documents engageants, stratégiques ou de mémoire sont sous forme électronique et l’archivage est électronique. La numérisation du stock de dossiers papier existant n’est pas de même nature et ne doit pas être confondue avec la dématérialisation des processus. |
Désordre numérique / tsunami numériqueLes risques liés aux documents se sont accrus avec la généralisation de l’ordinateur individuel et plus encore avec les réseaux. La multiplication des personnes, physiques et morales qui produisent et reçoivent de l’information, sous forme traditionnelle (document) ou via les outils numériques (mail, web, vidéo…), et l’accélération des échanges créent ce que le CR2PA appelle depuis 2010 le « tsunami numérique ». L’accumulation de ces données (qu’on ne détruit pas ou si peu…) et l’absence de hiérarchie des informations (autre que la chronologie) donnent à juste titre un sentiment de désordre. |
Document engageantLes documents engageants forment la partie à risque de l’ensemble universel des documents (toutes les informations enregistrées sur n’importe quel support, écrits, images et sons, objets). Ce sous-ensemble est caractérisé par le rôle que jouent ou peuvent jouer ces documents pour celui qui les détient, en tant que preuve de son action vis-à-vis d’une autorité ou d’un tiers, mais aussi comme source d’une décision ou d’un savoir, aujourd’hui ou demain. De ce point de vue, les documents engageants sont des actifs pour l’entreprise. |
Données non structuréesLe désordre numérique tient plus particulièrement à ce qu’on appelle les données non structurées, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas organisé et calibré dans des systèmes applicatifs ou des bases de données qui formatent l’information à l’entrée et la traitent ou l’exploitent avec de manière automatique et programmée. On peut capturer des données dans des documents ou objets non structurés pour en faire des bases de données structurées exploitables, dans un but scientifique, administratif, ou commercial. C’est ce qu’on appelle le big data. |
Données personnellesLes données personnelles, ou plus précisément les « données à caractère personnel » (pour reprendre l’expression de la Commission Informatique et Libertés, la CNIL), sont des éléments d’information qui permettent d’identifier les particularités et les faits et gestes des individus. La gestion des données à caractère personnel est donc très sensible. Du point de vue de l’archivage, la question est de savoir de quels documents relèvent ces données personnelles et quelle est la finalité de ces documents. Les données personnelles peuvent avoir des durées de conservation très strictes qui impactent alors la durée de conservation des documents correspondants. |
Durée de conservationLa durée de conservation est le laps de temps pendant lequel, pour le détenteur d’un document, ce document ne peut être modifié ou détruit, en fonction du risque que ferait courir le défaut de preuve ou de mémoire porté par ce document. Le point de départ de la durée de conservation est obligatoirement la date de création du document, sinon le concept n’aurait aucun sens. Sa fin est parfois plus délicate à gérer car il arrive qu’elle dépende de plusieurs facteurs ou d’événements non connus au moment de la création (fin de validité, accident). |
EnregistrementEnregistrement est un terme délicat car il désigne plusieurs choses que l’archivage managérial doit distinguer. |
GouvernanceLa nécessité d’une gouvernance de l’information est proportionnelle au rôle que joue aujourd’hui l’information dans les entreprises et les organisations, avec ses nombreuses facettes : sécurité, accès partagé, confidentialité, conservation, etc. Le CR2PA appelle archivage managérial la partie de la gouvernance de l’information qui porte sur la maîtrise de la conservation et de la destruction des documents engageants et stratégiques, quel que soit leur support. |
MaturitéLa maturité d’une entreprise pour mener à bien un projet d’archivage managérial est évaluée au travers de quatre critères : prise de conscience du défaut d’archivage, maîtrise du périmètre informationnel à archiver, connaissance des fondamentaux de l’archivage, et identification des responsabilités. |
MétiersTout action réalisée au nom de l’entreprise relève d’une compétence métier, qu’elle se situe au cœur de l’activité (industrielle, service, administration, santé, éducation…) ou qu’il s’agisse d’une compétence transverse ou support (management, juridique, finances et comptabilité, informatique…). Ce sont donc les métiers qui sont à l’origine de tout document produit ou reçu au nom de l’entreprise. La réglementation permet d’identifier certains documents mais ce sont souvent les métiers qui connaissent le mieux la portée et l’usage des documents qu’ils utilisent. |
NormeIl ne faut pas confondre la norme et la réglementation. Une norme n’a rien de légal. Une norme est un ensemble de spécifications approuvées par un organisme reconnu, avec le consensus ou l’approbation générale de toutes les parties intéressées. Une norme vise à favoriser les échanges, à standardiser les opérations et à maîtriser les coûts. |
Outil-solution-systèmeLes expressions « outil d’archivage », « solution d’archivage » et « système d’archivage » coexistent quand on parle d’archivage. Elles ne sont pas « normalisées ». Pour l’archivage managérial dont l’objectif est de garder la main sur l’information à risque dans le temps, l’outil peut désigner tout objet qui permet de transformer l’information en document d’archives authentique, fiable, intègre et exploitable dans la durée ; la solution désignera tout moyen utilisé pour trouver une réponse satisfaisante au risque de non-authenticité, non-fiabilité, non-intégrité et inexploitabilité de l’information à risque ; et le système qualifiera tout ensemble d’éléments organisé et dédié à cet objectif. |
Poids de l’informationLa notion de poids de l’information, indépendamment de la valeur, vise le niveau de risque si le document engageant n’existait pas ou disparaissait. Il dépend des conséquences de la non-disponibilité du document initial et de la possibilité ou non de le reconstituer à partir d’autres éléments. À noter que le poids de l’information n’est absolument pas corrélé au poids physique du support. |
Politique d’archivageC’est un document de référence, diffusé par la direction générale de l’entreprise et applicable à tous (y compris les sous-traitants). Il identifie les risques, énonce les principes, définit les responsabilités, cadre les modalités de mise en œuvre et de contrôle de l’archivage, quel que soit le support de l’information. |
Prise de conscienceLa prise de conscience du désordre numérique et de ses conséquences est la première étape de l’archivage managérial avant la résolution des problèmes. Pour cette prise de conscience, il faut faire l’effort de prendre du recul, d’observer l’engrenage de production/diffusion tous azimuts de tout et de rien dans lequel on est embarqué et faire l’effort de réfléchir à ce qui est important et qu’il faut véritablement gérer. |
ProcessusUn processus est un enchaînement d’actions qui déroule logiquement les étapes de réalisation d’un produit ou d’un service. Entre l’événement déclencheur (entrée) et le résultat (sortie), tout processus métier génère – en plus ou moins grand nombre selon l’activité considérée – des documents et des données qui tracent les actions réalisées au nom de l’entreprise (actions de nature contractuelle, décisions, documents de mémoire) ; ces traces doivent être archivées. |
Projet d’archivageUn projet d’archivage est d’abord un projet d’archivage managérial, c’est-à-dire qu’il implique le management et qu’il doit être piloté et contrôlé dans sa mise en œuvre. Dans ce cadre, le projet d’archivage devra d’abord définir les règles de conservation, avec une équipe aux compétences pluridisciplinaires et trouver les solutions méthodologiques et techniques pour appliquer ces règles. Mais le projet ne pourra pas être mené à son terme sans un accompagnement des collaborateurs par la ligne managériale. |
PropriétaireLe propriétaire d’un document, comme le propriétaire de n’importe quel objet, est la personne qui a le pouvoir de le conserver ou de le détruire, dans le respect du droit. Ce propriétaire peut être l’individu qui a rédigé ou reçu le document, mais si ce document a été émis ou reçu au nom d’une entreprise ou d’une institution, son propriétaire légitime est cette entreprise ou cette institution dans la mesure où elle est juridiquement engagée par ce qui est écrit ou dit en son nom. Au regard du droit et de l’archivage, la formule « propriétaire du document », utilisée dans les applications de gestion électronique de documents (GED) pour désigner le gestionnaire ou l’utilisateur, peut être trompeuse. |
QualificationDans l’environnement numérique et plus particulièrement quand il s’agit de données non structurées, il faut souligner l’importance de la qualification des objets archivés. Il faut qualifier ce qu’on archive si on veut pouvoir le retrouver efficacement et le gérer correctement. Cette qualification comporte deux volets : |
Référentiel de conservationL’expression « référentiel de conservation » est issue de la norme ISO 15489 sur le « records management » et désigne le document de référence, au sein d’une entreprise donnée, où sont énoncées les règles de vie et de conservation des documents à risque (engageants et stratégiques, à enjeu, à conserver…), à commencer par la durée motivée de conservation. En général, le référentiel de conservation décline la politique d’archivage et est donc prescriptif. |
Règles de vieFace au désordre et aux risques associés, l’entreprise, tout comme l’individu, doit se doter de règles pour la maîtrise des documents qui engagent sa responsabilité, au plan juridique, financier, métier, etc. Les règles de vie portent sur les modalités de production, de diffusion et de conservation de ces documents. Elles renvoient aussi à une sorte d’« hygiène documentaire » partagée par tous, ou à un code de la route de l’information. |
ResponsabilitéDans l’archivage managérial, la notion de responsabilité (accountability en anglais) renvoie au fait que toute personne (physique ou morale) est tenue de rendre des comptes de ses actes, à des autorités, à des clients, fournisseurs et partenaires, à des collaborateurs, voire à la collectivité. Or, ses actes sont tracés dans des documents. Il faut donc, pour assumer cette responsabilité, prendre conscience de la nécessité de bien archiver (les bons documents pendant la bonne durée). |
RisqueLe premier critère de gouvernance de l’information pour l’archivage managérial est le risque qui peut survenir d’un document engageant ou stratégique : |
RôleLe projet d’archivage managérial identifie cinq rôles principaux pour l’ensemble des acteurs impliqués : |
SAELe sigle SAE s’est répandu ces dernières années en France ; on le développe généralement en « système d’archivage électronique » et parfois en « système d’archivage d’entreprise ». Il faut bien prendre conscience que ce sigle est utilisé, de fait, pour désigner des choses diverses, entre autres : |
Temps différéL’expression « temps différé » renvoie à cette réalité que le risque attaché à un document n’est souvent avéré qu’au bout d’un certain temps, parfois plusieurs années, lors d’un audit ou un contentieux. Ce décalage doit être géré par le processus d’archivage. |
Tiers-archiveurLe terme tiers-archiveur est aujourd’hui bien répandu pour désigner les personnes et surtout les sociétés à qui les entreprises « propriétaires » confient contractuellement la conservation sécurisée, la pérennisation, le traitement matériel et intellectuel, la mise à disposition, etc. de leurs documents archivés. |
TraceLe terme « trace » est connu en informatique et plus récent pour l’archivage. Le mot renvoie au constat courant : « nous n’avons aucune trace de cette action » pour dire : « nous n’avons pas de documents ou d’enregistrements qui renseignent sur cette action. Les traces numériques sont toutes les données datées qui se rapportent à une action. |
Type de documentLa typologie documentaire est un recensement des formes et des noms de documents en vue d’une action de classement ou de gestion, pas uniquement dans l’archivage. Il n’existe pas de liste universelle des types de documents à archiver. Chaque projet d’archivage doit définir la sienne en fonction de la valeur des documents, de la réglementation et de la normalisation métier, des appellations courantes des utilisateurs, et de la granularité de la gestion (gérer chaque page ou un groupe de dossiers ou de fichiers, en fonction des enjeux et risques auxquels le projet doit répondre). |
ValeurLe critère pour archiver un document n’est en aucun cas son support mais sa valeur. La valeur d’un document tient à la fois à au contenu (qu’est-ce que j’apprends dans ce document ?) et aux caractères internes et externes qui permettent d’apprécier son authenticité et son intégrité (identification de l’auteur et du destinataire, signes de validation, données d’enregistrement et de suivi dans un système). La valeur permet de déterminer et de hiérarchiser les documents à archiver. |
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