J’ai la joie d’enseigner ce que je sais à l’université, c’est-à-dire les concepts archivistiques et la démarche d’archivage managérial, en l’occurrence à Nanterre, à des étudiants de licence du département Information-Communication, environ 25 élèves.
Sans vouloir les flatter, je dirais que c’est une bonne classe, des jeunes gens et jeunes femmes attentifs, curieux et plutôt sérieux. J’ai plaisir à lire leurs devoirs, souvent pertinents.
Je dois dire aussi que j’ai changé de formule d’enseignement cette année, grâce à mon expérience de MOOC, que j’ai exposée ici, là et ailleurs. J’ai supprimé les cours ex cathedra accompagnés de présentation PowerPoint pour me rapprocher de la classe inversée : quelques jours avant le cours, je demande aux étudiants de lire un texte ; pendant le cours, on le commente et je raconte des histoires ; un tiers des élèves, par rotation, doit m’envoyer dans les jours qui suivent un résumé de la discussion et ce qu’il en a pensé.
Les réactions des élèves au cours sur l’interopérabilité m’ont incitée à publier quelques unes de leurs remarques (avec leur accord).
Le texte à lire était un billet que j’ai écrit sur le sujet il y a trois ans sur mon blog en –ité.
La discussion a abordé les points suivants
Je cite les reformulations et interventions des élèves :
L’interopérabilité est le fait d’être connecté et de pouvoir fonctionner avec d’autres outils.
Ce terme semble tout à fait majeur dans un contexte de mondialisation où tout à chacun est facilement connecté avec d’autres, éloignés géographiquement mais aussi culturellement.
Par exemple les rails de trains sont similaires sur l’ensemble du continent afin de faciliter le déplacement des trains, ou bien encore l’universalisation des chargeurs de téléphone, mis à part Apple qui use de la « non- interopérabilité » pour faire du profit.
Interopérabilité est un terme qui a pris tout son sens avec la naissance de l’informatique. Avec le temps, le monde est devenu de plus en plus connecté donc dépendant de cette interopérabilité. Mais s’il y a interopérabilité alors il y a besoin de normalisation.
Il y a une interopérabilité transversale (l’information doit circuler dans l’espace) et une interopérabilité verticale (dans le temps). Nouveau risque numérique: comment j’organise dès le départ l’information que je veux conserver ?
Les commentaires, ce que je voulais partager dans ce billet, disent notamment :
J’ai trouvé ce cours très intéressant ; à vrai dire je ne m’étais jamais posé la question de cette interopérabilité dans le traitement des données et des informations des documents et du problème que la « non opérabilité » pouvait poser.
Ce cours a mis en lumière ce que les entreprises font actuellement et ce qu’elles devraient faire avec l’archivage des informations. Et en tant que futur actrice dans le monde professionnel, je saurai que dès la création de données je dois me demander si elle aurait un intérêt à être conservée ou non. Ce serait un petit pas pour les entreprises mais un pas de géant pour le domaine de l’archivage.
J’ai trouvé particulièrement intéressante l’étude de cas [histoire vécue d’une fusion d’entreprises où les systèmes documentaires gérant les archives étaient différents, au point que la reprise des données de l’entreprise rachetée dans l’outil de la nouvelle entreprise fusionnée s’est accompagnée de pertes d’information, non vitales mais dommageables, due à des modèles de données différents et non interopérables]. Cette « histoire » me parait rocambolesque tout de même car j’ai du mal à comprendre comment une telle entreprise n’a pu prévoir la pérennisation de ses archives et l’obsolescence de certains systèmes.
Est-ce que les prestataires de l’époque n’étaient pas soucieux, étaient-ils ignorants sur ce point ?
Conclusion. Ce que je retiens des réactions des étudiants, c’est la prise de conscience du facteur temps dans la maîtrise de l’information, la perception de réalités familières avec un autre regard. Le mot interopérabilité n’est plus trop à la mode en 2015 mais les enjeux demeurent et c’est une bonne thématique pour un cours.