En marge du scandale politique et culturel de l’affaire de la viande de cheval dans les lasagnes 100% pur bœuf, et de ses conséquences économiques et judiciaires (on n’ose imaginer les conséquences s’il se fût agi de viande de porc au lieu de cheval…), il est utile de souligner un aspect de la question directement en lien avec le défi de l’archivage managérial, un aspect trop négligé et qui pourtant laisse augurer de nouveaux scandales.
Il s’agit de la production et de la conservation sécurisée des traces qui engagent la responsabilité des entreprises.
Deux éléments méritent d’être mis en lumière :
- la qualité des traces : à quoi sert de scanner ou doucher une étiquette s’il n’y a pas un regard humain sur la vraisemblance de l’étiquette ? Que le commun des mortels ne sache pas distinguer à la vue, au toucher ou au goût la viande de cheval de la viande de bœuf (ou un fromage de chèvre d’un fromage de vache), on peut l’admettre, mais que les professionnels du secteur ne soient pas capables ou négligent de se poser la question est inquiétant, autant pour l’entreprise que pour ses clients ;
- la traçabilité des responsabilités : à quoi sert un contrat de sous-traitance s’il ne répartit pas clairement les responsabilités en cas de défaut ou de rupture dans la chaîne des activités ? Compte tenu du nombre d’intermédiaires impliqués dans cette affaire de lasagnes – comme naguère dans l’affaire de l’effondrement du toit du terminal E de Roissy, on peut identifier là une marge de progression collective (sauf si l’opacité est délibérée, bien sûr… ).
Les deux questions sont majeures.
Archiver ne suffit pas, il faut réfléchir à ce que l’on doit archiver et donc à produire les bonnes traces (documents ou données) dans cette optique.
L’archivage managérial ne dit pas autre chose :
- prendre conscience des risques de non-disponibilité des informations qui tracent les actions dont l’entreprise assume la responsabilité,
- définir les règles du jeu qui en découlent : politique, procédures, formation
- et contrôler leur mise en œuvre,
avec des humains assistés de machines, et non l’inverse !